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Épidémie de maladie à virus Ébola —Afrique de l’Ouest, 2014



Le 24 juin 2014, ce rapport a été publié en tant que communiqué du rapport hebdomadaire sur la morbidité et la mortalité (MMWR) sur le site Web MMWR (http://www.cdc.gov/mmwr).

Meredith G. Dixon, MD1,2, Ilana J. Schafer, DVM1,2 (Affiliations des auteurs à la fin du texte)

Le 21 mars 2014, le ministère de la Santé guinéen a signalé la flambée d’une maladie caractérisée par de la fièvre, une diarrhée aiguë, des vomissements et un taux élevé de létalité (59%) chez 49 personnes (1). Les échantillons de 15 personnes sur les 20 analysés à l’Institut Pasteur de Lyon (France) se sont révélés positifs pour un virus Ébola par la méthode de réaction en chaîne par polymérase (2). Le séquençage du virus a permis d’identifier le virus Ébola (l’espèce ebolavirus Zaïre), un des cinq virus appartenant au genre Ebolavirus, comme étant à l’origine de la flambée (2). Dans un premier temps, des cas de maladie à virus Ébola (Ebola viral disease, EVD) ont étaient signalés dans les trois districts du sud-est de la Guinée (Gueckedou, Macenta et Kissidougou) et dans la capitale, Conakry. En date du 30 mars, des cas avaient été signalés dans un district du Liberia frontalier avec la Guinée, le district de Foya (1), puis en mai, les premiers cas identifiés en Sierra Leone ont été rapportés. Au 18 juin, la flambée était considérée comme l’épidémie d’EVD la plus importante jamais documentée, avec un total combiné de 528 cas (comprenant les cas confirmés en laboratoire, probables et suspectés) et 337 décès (taux de létalité = 64%) déclarés dans les trois pays. La précédente épidémie de grande ampleur a eu lieu en Ouganda dans les années 2000– et 2001, lorsque 425 cas ont été signalés, incluant 224 décès (taux de létalité = 53%) (3). Par ailleurs, l’épidémie actuelle représente la première épidémie d’EVD en Afrique de l’Ouest (un cas unique causé par le virus Taï Forest avait été rapporté en Côte d’Ivoire en 1994 [3]) et c’est aussi la première fois que la transmission du virus Ébola est observée dans une capitale.

Caractéristiques de la maladie à virus Ébola

L’EVD se caractérise par l’apparition soudaine de fièvre et par une sensation de malaise, accompagnées d’autres signes et symptômes non spécifiques tels que des douleurs musculaires, des maux de tête, des vomissements et de la diarrhée. Parmi les patients atteints d’EVD, 30%–50% connaissent des symptômes hémorragiques (4). Dans les formes graves et mortelles de la maladie, les patients sont en proie au dysfonctionnement de plusieurs organes, y compris des lésions hépatiques, une insuffisance rénale et une déficience du système nerveux central, entraînant un choc, puis la mort. Les deux premières espèces d’Ebolavirus ont d’abord été identifiées en 1976 au cours de flambées simultanées au Soudan (ebolavirus Soudan) et au Zaïre (maintenant appelé République démocratique du Congo) (ebolavirus Zaïre) (5). Depuis 1976, l’Afrique Centrale a connu plus de 20 épidémies d’EVD, la majorité provoquée par le virus Ébola (espèce ebolavirus Zaïre), qui historiquement s’est avéré avoir le taux de létalité le plus élevé (jusqu’à 90%) (3).

Le réservoir naturel n’a pas encore été déterminé avec certitude ; toutefois, des données ont montré que les chauves-souris frugivores sont un hôte naturel du virus (6). La transmission initiale du virus à la population humaine se fait par contact avec des animaux sauvages contaminés, puis le virus se propage d’une personne à une autre par contact direct avec les fluides corporels, y compris, mais sans s’y limiter, le sang, l’urine, la sueur, le sperme et le lait maternel. La période d’incubation est de 2 jours à 3 semaines. Un patient peut transmettre le virus lorsqu’il a de la fièvre et au cours des stades tardifs de la maladie, ainsi qu’après son décès, quand des personnes touchent le corps du défunt pour la préparation des funérailles. En outre, le virus a été isolé dans le sperme jusqu’à 61 jours après l’apparition de la maladie.

Le diagnostic est le plus généralement établi en détectant l’ARN du virus Ébola ou des anticorps dirigés contre le virus Ébola dans le sang (5). Les analyses de cette épidémie sont effectuées par l’Institut Pasteur, le Laboratoire européen mobile et le CDC en Guinée, par le laboratoire de l’hôpital public de Kenema spécialisé dans les fièvres hémorragiques virales en Sierra Leone, et par l’Institut de recherche biomédicale au Liberia. Les soins aux patients sont des traitements de soutien ; il n’existe pas de traitement approuvé connu pour être efficace contre le virus Ébola. Le soutien médical consiste à administrer au patient un important volume de liquide et gérer les électrolytes, l’alimenter par voie orale et intraveineuse, administrer des médicaments pour contrôler la fièvre et les douleurs gastro-intestinales, ainsi qu’à traiter la douleur, l’anxiété et l’agitation (4,5). Le diagnostic et le traitement des infections concomitantes et des surinfections, notamment le paludisme et la typhoïde, font également partie des aspects importants des soins au patient (4).

Les mesures clés permettant de contrôler l’épidémie d’EVD comprennent 1) l’identification des cas actifs et l’isolement des patients, à l’écart de la communauté afin de prévenir la propagation du virus, 2) l’identification des personnes ayant été en contact avec les personnes malades ou décédées et le suivi des contacts quotidiennement pendant les 21 jours de la période d’incubation, 3) la conduite d’enquêtes rétrospectives et de cas actuels afin de documenter les chaînes de transmission virale passées et en cours, 4) l’identification des décès dans la communauté et l’adoption de pratiques d’inhumation sécuritaires et 5) la déclaration quotidienne des cas (4,7,8). La formation du personnel soignant aux pratiques sures de contrôle des infections, notamment l’utilisation adéquate de l’équipement de protection individuelle, est essentielle pour leur protection et celle de leurs patients, car la transmission associée aux soins de santé a joué un rôle dans la propagation du virus lors des précédentes épidémies (4,9).

Efforts visant à contrôler l’épidémie actuelle

Afin de mettre en œuvre les mesures de prévention et de contrôle en Guinée et au Liberia, les ministères de la Santé, avec l’aide de Médecins Sans Frontières, de l’Organisation mondiale de la Santé, et d’autres organisations, ont mis en place des centres de traitement d’Ébola visant à mieux soigner les patients et à stopper la transmission du virus. Des équipes des CDC se sont rendues en Guinée et au Liberia fin mars dans le cadre d’une intervention du réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie (Global Outbreak Alert and Response Network, GOARN) afin d’aider les ministères de la Santé des pays concernés à caractériser et à contrôler l’épidémie en recueillant les rapports de cas, en interrogeant les patients et les familles, en coordonnant la recherche de contacts et en regroupant les données dans des bases de données centralisées. Les cas sont classés selon l’une des trois définitions de cas : suspecté (personne vivante ou morte présentant, ou ayant eu de la fièvre et au moins trois symptômes supplémentaires, ou de la fièvre et ayant été en contact avec une personne atteinte de fièvre hémorragique ou avec un animal mort ou malade, ou des saignements inexpliqués), probable (répond à la définition du cas suspecté, plus un lien épidémiologique avec un cas confirmé ou probable), confirmé (cas suspecté ou probable qui a également été confirmé en laboratoire)*.

À la fin du mois d’avril, il a semblé que l’épidémie ralentissait alors que le Liberia n’avait signalé aucun nouveau cas pendant plusieurs semaines à partir du 9 avril et que le nombre de nouveaux cas rapportés en Guinée avait diminué jusqu’à neuf la semaine du 27 avril (Figure 1). Depuis lors, cependant, l’épidémie d’EVD a ressurgi : la Sierra Leone voisine a déclaré son premier cas confirmé en laboratoire le 24 mai, le Liberia a signalé un nouveau cas ayant été infecté en Sierra Leone le 29 mai et la Guinée a rapporté un nouveau maximum de 38 cas pour la semaine du 25 mai.

Le 18 juin, le nombre total de cas d’EVD déclarés dans les trois pays combinés étaient de 528, comprenant 364 cas confirmés en laboratoire, 99 cas probables, 65 cas suspectés, et 337 décès (taux de létalité = 64%). La Guinée avait signalé 398 cas (254 cas confirmés en laboratoire, 88 cas probables, et 56 cas suspectés) dont 264 décès (taux de létalité = 66%) répartis dans neuf districts (Figure 1). La Sierra Leone avait déclaré 97 cas (92 cas confirmés en laboratoire, 3 cas probables, et 2 cas suspectés) dont 49 décès (taux de létalité = 51%) répartis dans cinq districts et dans la capitale, Freetown. Le Liberia avait signalé 33 cas (18 cas confirmés, 8 cas probables, et 7 cas suspectés) dont 24 décès (taux de létalité = 73%) répartis dans quatre districts.

Les principales difficultés rencontrées par tous les partenaires dans leurs efforts déployés pour contrôler l’épidémie comprennent son importante étendue géographique (Figure 2), la faiblesse des infrastructures de soins de santé et la méfiance ainsi que la résistance de la communauté (10). Une enquête rétrospective de cas a montré que le premier cas d’EVD pourrait être apparu dès décembre 2013 (Figure 1) (2). Afin de contrôler l’épidémie, des stratégies supplémentaires consistant par exemple à impliquer les dirigeants des communautés dans les efforts d’intervention sont nécessaires afin d’atténuer les inquiétudes des populations hésitantes et craintives, de sorte que le personnel soignant puisse s’occuper des patients dans les centres de traitement et qu’un suivi rigoureux des contacts puisse avoir lieu. L’amélioration de la communication à travers les frontières des informations liées à la surveillance de la maladie contribuera au contrôle et à la prévention de davantage de cas dans le cadre de cette épidémie.

En juin 2014, l’Organisation mondiale de la Santé, par l’intermédiaire du réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie, a demandé un soutien supplémentaire aux CDC et à d’autres partenaires, nécessitant le déploiement d’autres membres du personnel en Guinée et en Sierra Leone pour mieux coordonner les efforts visant à éliminer et à prévenir la transmission du virus. En raison de la persistance de l’épidémie, un haut degré de coordination, régionale et internationale est nécessaire pour renforcer les efforts d’intervention des pays affectés et voisins et d’autres partenaires participant à la réponse, afin de mettre rapidement un terme à cette épidémie.

Remerciements

Les équipes d’intervention nationales et internationales d’Afrique de l’Ouest, notamment les ministères de la Santé de Guinée, du Liberia et de Sierra Leone ; l’Organisation mondiale de la Santé ; Médecins Sans Frontières ; les équipes d’intervention des CDC ; le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ; la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge ; l’Institut Pasteur ; le Laboratoire européen mobile ; le laboratoire de l’hôpital public de Kenema spécialisé dans les fièvres hémorragiques virales ; l’Institut de recherche biomédicale du Liberia ; le Réseau africain d’épidémiologie de terrain ; Elizabeth Ervin, Département des pathogènes viraux spéciaux, Centre national des maladies infectieuses émergentes et zoonotiques (National Center for Emerging Zoonotic and Infectious Diseases), CDC.


1Agent du service d’investigation sur les épidémies (epidemic intelligence service, EIS), CDC ; 2 Département des pathogènes viraux spéciaux, Centre national des maladies infectieuses émergentes et zoonotiques, CDC (Auteur correspondant : Meredith G. Dixon, mgdixon@cdc.gov, 617-320-2220)

Références

  1. World Health Organization. Global alert and response: Ebola virus disease (EVD). Geneva, Switzerland: World Health Organization; 2014. Available at http://www.who.int/csr/don/archive/disease/ebola/en.
  2. Baize S, Pannetier D, Oestereich L, et al. Emergence of Zaire Ebola virus disease in Guinea—preliminary report. N Engl J Med 2014; April 16 (e-pub ahead of print).
  3. World Health Organization. Ebola viral disease: fact sheet. Geneva, Switzerland: World Health Organization; 2014. Available at http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs103/en.
  4. Médecins Sans Frontières. Filovirus haemorrhagic fever guideline. Barcelona, Spain: Médecins Sans Frontières; 2008:39–48.
  5. Formenty P. Ebola-Marburg viral diseases. In: Control of communicable diseases manual. Heymann DL, ed. Washington, DC: American Public Health Association; 2008:204–7.
  6. Leroy EM, Kumulungui B, Pourrut X, et al. Fruit bats as reservoirs of Ebola virus. Nature 2005;438:575–6.
  7. Rollin P, Roth C. Lassa fever. In: Control of communicable diseases manual. Heymann DL, ed. Washington, DC: American Public Health Association; 2008:335–7.
  8. Nkoghe D, Formenty P, Leroy EM, et al. Multiple Ebola virus haemorrhagic fever outbreaks in Gabon, from October 2001 to April 2002 [French]. Bull Soc Pathol Exot 2005;98:224–9.
  9. Pattyn SR, ed. Ebola virus haemorrhagic fever. Amsterdam, The Netherlands: Elsevier; 1978.
  10. Ebola in West Africa: gaining community trust and confidence [Editorial]. Lancet 2014;383:1946.

* Les définitions de cas disponibles à l’adresse http://who.int/csr/resources/publications/ebola/ebola-case-definition-contact-en.pdf ont été modifiées.


FIGURE 1. Nombre de cas de maladie à virus Ébola (n = 398*), par semaine après l’apparition de symptômes — Guinée, 2014

La figure ci-dessus est un diagramme en bâtons illustrant le nombre de cas de maladie à virus Ébola (EVD) au cours de l’épidémie actuelle, signalés en Guinée, par semaine après l’apparition de symptômes, en 2014. Bien que des cas aient également été signalés au Liberia et en Sierra Leone, en date du 18 juin 2014, la majorité (398) du total de 528 cas d’EVD a été signalée en Guinée.

* Cas rapportés en date du 18 juin 2014.

Texte alternatif : La figure ci-dessus est un diagramme en bâtons illustrant le nombre de cas de maladie à virus Ébola (EVD) au cours de l’épidémie actuelle, signalés en Guinée, par semaine après l’apparition de symptômes, en 2014. Bien que des cas aient également été signalés au Liberia et en Sierra Leone, en date du 18 juin 2014, la majorité (398) du total de 528 cas d’EVD a été signalée en Guinée.


FIGURE 2. Lieux de signalement des cas de maladie à virus Ébola* — Afrique de l’Ouest, 2014

La figure ci-dessus est une carte de l’Afrique de l’Ouest, illustrant l’importante étendue de la zone géographique dans laquelle les cas de maladie à virus Ébola sont signalés dans l’épidémie en cours. Le 18 juin 2014, un total de 528 cas, dont 337 décès, ont été signalés en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.

* Cas rapportés en date du 18 juin 2014.

Texte alternatif : La figure ci-dessus est une carte de l’Afrique de l’Ouest, illustrant l’importante étendue de la zone géographique dans laquelle les cas de maladie à virus Ébola sont signalés dans l’épidémie en cours. Le 18 juin 2014, un total de 528 cas, dont 337 décès, ont été signalés en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.



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